Pseudo-Weblog


En route vers San Fransisco. Je reprends mes lectures de voyage grâce aux neuf heures de vol. "Le mythe de sisyphe" d'Albert Camus revient donc entre mes mains. Je ne vais évidemment pas parler du contenu du livre, l'auteur en parle bien mieux que tout ce que je pourrai raconter.

A propos de l'art, Camus ecrit: "L'œuvre d'art naît du renoncement de l'intelligence à raisonner le concret. Elle marque le triomphe du charnel." Cela me fait penser immédiatement aux mathématiques. En effet, la beauté d'une œuvre d'art ne peut pas se définir logiquement, ou avec des outils fondés sur la logique. Ce genre d'affirmation ne peut venir que d'une personne ne connaissant pas assez profondément les mathématiques, car la beauté, l'élégance et l'art en font partie intégrante.

Dans un sens, il a raison, car les mathématiques ne sont pas concrètes, et la musique n'est pas plus concréte. Dans ces deux cas, la relation se fait a un monde inhumain plutôt qu'a un monde humain (donc concret). Je ne suis en revanche pas d'accord avec sa notion de "gratuité" de la musique ou des mathématiques. En effet, la démonstration logique et dépourvue de passion de l'absurde est une des bases du livre. La logique sert donc de support a la pensée, même si cette pensée emmène à l'absurde. Et la pensée étant à la base de l'œuvre telle que definie par Camus lui même. On rejoint ainsi plus l'absurde que le gratuit.

Les mathématiques permettent d'accepter plus facilement qu'il est impossible parfois de trouver une conclusion logique à un problème. Démontrer qu'une assertion est invérifiable amène au caractère purement illogique et indémontrable de la sensation de beauté (et a en être pleinement satisfait), même si c'est celle-ci qui permet parfois d'aboutir à la solution d'un problème. Les mathématiques sources de l'acceptation de l'existence humaine?


(c) 2003 Yves Lafon
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